Vous faites face à un patron difficile au travail ?

Plusieurs personnes ont eu la malheureuse expérience de faire face à un patron ou superviseur qu’ils percevaient comme intimidateur ou manquant d’égard. Avoir à faire face avec une telle relation problématique est parfois rendue d’autant plus difficile par le manque d’équilibre de pouvoirs ou d’autorité que chaque personne a dans la relation. D’un côté, une certaine dose d’ « autoritarisme » ou d’autorité vient avec le territoire d’un superviseur ou d’un employeur. De l’autre, et comme pour plusieurs situations de la vie, être en position d’autorité ne donne à personne le droit d’en abuser. Dans tous les cas, chacun est responsable de ses propres actes et décider d’éviter ou de confronter son patron est une décision qui vous revient.

Quand devrais-je confronter mon patron difficile ?

  • Quand votre colère ou stress monte puisque vous n’avez pu ou ne pouvez pas exprimer vos sentiments ou besoins ;
  • Quand vous commencez à vous défouler sur votre famille ou commencez à agir de façon non-professionnelle pour vous venger de votre patron ;
  • Quand vous avez besoin ou voulez garder une bonne relation avec votre patron (ex : le rôle de votre patron est important pour votre carrière) ;
  • Quand vous sentez qu’il y a une menace à la dignité de vos droits ;
  • Quand faire les efforts pour vous affirmer sont moins exigeants que de souffrir les conséquences de ne pas vous affirmer.

Comment devenir plus assuré

Confronter son patron peut être un défi de taille. Rappelons-nous que nous ne suggérons ni une hostilité ouverte ou une passivité excessive, comme agir en paillasson. Au lieu, nous parlons de quelque chose de beaucoup plus délicat : s’affirmer. Voici des lignes directrices d’une chercheuse et psychologue très reconnue, Marsha Linehan (Linehan, 1993). Elle a développé ces recommandations comme faisant partie d’un traitement pour aider les gens à faire face à ce qu’elle a nommé des environnements « invalidants » — des environnements où nous nous sentons critiqués, où l’on nous donne des messages incohérents ou doubles ou où nos valeurs et notre image de soi sont constamment minés. Sans aller trop dans le détail, il y a un assez bon support scientifique derrière ces idées, ce qui implique que le fonctionnement des relations et l’estime de soi semblent s’améliorer lorsque ces lignes directrices sont suivies. Linehan a développé ses idées en combinant des principes de la thérapie cognitive-comportementale et des habiletés d’acceptation et de conscience.

Une bonne façon de se souvenir des habiletés d’affirmation et de confiance en soi est de se rappeler les mots anglais « DEAR MAN ».

D : Décrivez

Décrivez la situation à problème lorsque nécessaire. Restez-en aux faits observables et n’utilisez pas de déclarations comportant des jugements : « Cela fait deux ans que je travaille ici et je n’ai jamais eu d’augmentation, même si les commentaires sur ma performance ont toujours été positifs » ou « Je respecte toujours les dates limites et je remplis les tâches qu’on me demande. Malgré cela, vous dites à mes collègues que j’ai de mauvaises habitudes de travail. »

E : Exprimez

Exprimez clairement vos propres sentiments/opinions sur la situation : « Je crois que je mérite une augmentation. » ou « Je me sens blessée que mon respect des dates limites n’est pas remarqué et au lieu, je suis réprimandé dans mon dos. » Exprimer vos sentiments aide l’autre personne à voir que vous prenez responsabilité pour vos propres actions et réactions.

A : Affirmez

Affirmez vos souhaits. Demandez ce que vous voulez. Si besoin est, dites « non » (ou « ce n’est pas possible ») clairement et de façon répétitive. Ne dites pas à votre patron ce que vous pensez qu’il « devrait » faire. « Sur la base de mes évaluations positives, j’aimerais avoir une augmentation. Pouvez-vous me l’offrir ? » ou « Parce que je respecte toujours les dates limites, j’apprécierais ne pas me faire dire que mon travail est

toujours en retard devant l’équipe. » Vous affirmer vous donne la responsabilité pour vos affaires et invite l’autre personne à prendre la responsabilité de ses propres affaires.

R : Renforcez

Récompensez votre patron quand il ou elle réagit positivement à vous. Une autre possibilité est de leur dire les effets positifs du fait qu’ils écoutent votre version. « Je serai probablement plus productif si je reçois un salaire qui reflète ma valeur au sein de la compagnie. » ou « Si vous pouvez mentionner à l’équipe quand mes rapports sont bien faits ou à temps, l’esprit d’équipe s’améliorerait. Cela augmenterait la productivité de tout le monde. »

M : (Mindful) Attentif

Gardez votre concentration sur vos objectifs dans la situation. Soyez respectueux et restez calme. Maintenez votre position. Si votre patron ne semble pas écouter ou répondre, continuez à demander, à dire non ou exprimer votre opinion… à répétition. Gardez un ton de voix calme et égal… votre force tient au fait que vous maintenez votre position. Dans l’éventualité d’un scénario désastreux où vous vous sentez humilié ou attaqué, ignorez votre patron s’il ou elle attaque, vous menace ou essaie de changer de sujet. Si vous répondez à ces attaques, vous permettez à l’autre personne de prendre le contrôle de la situation (et de vos émotions).

A : (Appear) Paraissez confiant

Utilisez un ton de voix calme et confiant. Ne soyez pas condescendant ou arrogant, même si l’autre personne a un mauvais comportement. Ayez une présence physique confiante : n’intimidez pas, n’abandonnez pas et ne vous arc-boutez pas. Utilisez un contact visuel approprié : n’évitez pas le regard, mais ne regardez pas fixement (en suggérant une menace). Pas de bégaiement, de chuchotement, de regards fixes vers le plancher ou de martèlement du bureau. Cela s’améliore et devient plus facile avec la pratique.

N : Négociez

Soyez ouvert à donner pour avoir. Offrez et demandez des solutions alternatives. Si cela aide (et que vous êtes volontaire), changez (ou même réduisez) votre requête. Ou maintenez votre position, mais offrez de faire quelque chose d’autre ou de solutionner le problème d’une autre façon. « Que pensez-vous qu’on peut faire ? » « Je ne peux pas dire oui, mais vous semblez vraiment vouloir que je le fasse. Comment peut-on s’arranger ? » « Comment peut-on solutionner ce problème ? »

Un patron vraiment difficile ?

Parfois, utiliser les habiletés d’affirmation de soi décrites ci-haut est facile. Cela dit, avec un superviseur difficile ou intimidant, cela peut être très éprouvant. Rappelez-vous que votre patron peut aussi avoir de très bonnes habiletés interpersonnelles (ou manipulatrices) et peut continuer de refuser vos demandes légitimes ou vous harceler pour faire quelque chose que vous ne voulez pas faire. Dans ce cas, voici des suggestions.

  1. Décrivez l’interaction actuelle : « Vous me le demandez continuellement, même si j’ai déjà dit non ».
  2. Exprimez vos opinions/sentiments d’inconfort au sujet de l’interaction : « Je ne suis pas certain que vous comprenez ce que je demande. » « Je commence à me sentir contrarié par rapport à ceci. »
  3. Affirmez vos souhaits : « Je préfèrerais discuter de cela plus longuement à un autre moment. » « Réfléchissez-y s’il vous plaît et revenez-moi plus tard. » « Arrêtez, s’il vous plaît. »
  4. Renforcez : « Je ne changerai pas d’avis à ce sujet. Peut-être devrions-nous nous entendre sur notre désaccord et simplement terminer cette conversation. »

Référence

Linehan MM (1993). Skills Training Manual for Treating Borderline Personality Disorder. New York: Guilford Press.

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Crédit photo: Tom Holbrook