La procrastination

La procrastination

Nous le faisons tous : retarder, se regarder le nombril, attendre, stagner, tourner en rond, bloquer, se cacher — peu importe comment vous le nommez. Nous avons tous procrastiné… Peu importe les choses que vous ne vouliez pas faire au début, nous avons tous (chacun de nous, vous aussi!) procrastiné sur des choses que nous avions besoin de faire ou que nous voulions faire. Cette chose que nous appelons la procrastination fait partie de la nature humaine. Le dilemme de l’action (contre l’inaction) a probablement existé longtemps. Un exemple classique de procrastination est le héros de William Shakespeare, Hamlet. Dans son célèbre soliloque « Être ou ne pas être ? », Hamlet pèse ce que les psychologues motivationnels modernes appellent « les pours et les contres » d’agir (par opposition à la procrastination) pour venger la mort de son père aux mains de son oncle Claudius. Au final, (spoiler!) le travail est fait, mais parce qu’il a été retardé, cela devient plutôt compliqué pour notre Halmet et tous les autres autour de lui. Si seulement il avait agi plus tôt !

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Pourquoi procrastinons-nous ? Eh bien, souvent c’est parce que nous n’apprécions pas l’activité, nous n’en voyons pas l’importance ou peut-être que nous avons peur d’y échouer. Peu importe ce que c’est, atteindre un but dépend d’abord et avant du fait d’avoir un but à atteindre. Plusieurs d’entre nous (afin d’éviter la peur de l’échec) ne pensent même pas à des objectifs à atteindre. Vous ne pouvez pas échouez si vous n’établissez pas d’objectif. Le problème, c’est que vous ne pouvez pas gagner ou vivre du bonheur non plus sans objectif. Donc, parlons des besoins (nous en avons tous), puisqu’ils sont liés aux objectifs, au moins de façon indirecte. L’exemple le plus connu en psychologie d’une théorie des besoins est celle d’Abraham Maslow (Maslow, 1943). Maslow argumentait que tandis que les gens ont besoin d’assouvir des besoins de base, ils cherchent à répondre successivement à des besoins plus hauts dans la hiérarchie. Une fois que les besoins des niveaux les plus bas sont satisfaits, les besoins progressivement plus élevés peuvent être aussi assouvis. La théorie de Maslow était que les actions (ou inactions) des humains sont dirigées vers le fait de répondre à des besoins ou d’atteindre des objectifs. Tout comportement donné pourrait satisfaire plusieurs fonctions à la fois : par exemple, aller au travail pourrait satisfaire les besoins d’une personne, à la fois pour l’estime de soi et pour l’interaction sociale. Les besoins des niveaux les plus bas ont besoin d’être satisfaits avant que ceux des niveaux les plus élevés puissent influencer leur comportement. Les niveaux se déclinent comme suit : (1) Besoin physiologiques — inclut l’air, la nourriture, l’eau, le sexe, le sommeil et autres facteurs de survie. (2) Besoin de sécurité — inclut la sécurité de l’environnement, l’emploi, les ressources, la santé, la propriété, etc. (3) Besoin d’appartenance — inclut l’amour, l’amitié, l’intimité, la famille, etc. (4) Besoin d’estime — inclut la confiance, confiance en soi, le sentiment d’accomplissement, le respect, etc. (5) Besoin d’accomplissement de soi — moralité, créativité, solutionner des problèmes, etc. Donc, la procrastination est plus difficile aux niveaux les plus bas des besoins (imaginez de remettre à plus tard votre respiration ou votre hypothèque) que pour ceux les plus élevés (hmmmm… pour montrer ma compassion, devrais-je faire un don d’argent à un organisme de charité ou pas ?).

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Un second facteur de procrastination, après avoir identifié un besoin (et l’objectif voulu de l’atteindre) est si nous croyons avoir — ou si nous avons vraiment — l’habileté ou les compétences nécessaires pour agir. Nous ne sommes pas tous nés égaux. Pensez-y. Nous pourrions tous vouloir, à un certain point, être capable d’égaliser ou dépasser les réussites sportives de Wayne Gretzky ou Haley Wickenheiser, mais peu d’entre nous ont le bagage génétique nécessaire pour commencer. Être réaliste au sujet de ce qui est possible en tenant compte de nos talents de base aidera certainement à éviter la déception. Alors, des actions nécessitent parfois des outils génétiques de base pour qu’elles puissent être accomplies. Manquer de talent au hockey ne nous empêche pas, évidemment, de jouer au hockey. Nous pourrions du moins jouer au hockey pour le plaisir et l’amitié ou encore pour compétitionner avec nos propres objectifs, plus modestes.

Un troisième facteur est le désir ou la volonté d’agir (par opposition à la procrastination). C’est évident, mais sans vraiment le vouloir ou l’estimer, il n’aura pas lieu. Gretzky et Wickenheiser avaient des avantages génétiques, mais ils ont aussi estimé et voulu leurs succès. Cela nous mène à une seconde théorie psychologique de la motivation humaine. La théorie de l’auto-détermination (SDT) se penche sur le fait de supporter nos tendances naturelles ou intrinsèques à nous comporter de façons efficaces et saines. La SDT a été bien recherchée et supportée scientifiquement par un réseau de chercheurs dans le monde. La théorie a été développée initialement par Edward Deci et Richard Ryan (2000) à l’université de Rochester et a été élaborée et raffinée par des chercheurs de plusieurs pays. Les caractéristiques centrales de cette théorie sont les motivations internes (versus externes) d’agir. D’un côté, il y a les forces externes comme payer les taxes ou obéir aux limites de vitesses. Ensuite, il y a le fait de se retrouver dans ce que quelqu’un d’autre suggère ou a atteint et vouloir être un peu plus comme celle-ci. Faire son barreau pour pouvoir être un excellent avocat comme sa mère en est un bon exemple. Finalement, il y a l’action basée sur des codes de conduite complètement internes et choisis librement. L’altruisme de Mère Teresa et Gandhi en sont des exemples classiques. Beaucoup de recherches ont démontré que la dévotion à long terme (et par conséquent, pas la procrastination) est liée à des motivations plus internes. Rappelez-vous que Wayne Gretzky a choisi d’entrainer et gérer des équipes de hockey après avoir pris sa retraite : ça, c’est de la motivation interne.

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Un quatrième facteur est celui d’investir l’effort et le sacrifice nécessaire pour l’atteindre. Une certaine quantité d’échecs et de déceptions est normale pour atteindre un succès éventuel (Vous souvenez-vous de l’équipe de hockey canadienne masculine de 1998 ? Gretzky y était, aussi). Une fois que vous avez la volonté et les compétences pour atteindre un but, il y a plusieurs façons de vous aider à surmonter le problème d’effort. Le problème d’effort est habituellement assez pratique pour être surmonté : améliorer nos compétences par l’éducation et la pratique concrète. Beaucoup de pratique. Et apprendre la manière d’accepter certains échecs en cours de route et se relever rapidement (au lieu de procrastiner). Avoir la volonté de prioriser et de sacrifier pour se concentrer sur ce que sont les choses importantes que vous voulez accomplir. Et y investir le temps requis pour améliorer vos habiletés.

Ainsi, pour conclure, nous avons couvert que les actions sont souvent le résultat d’avoir essayé d’atteindre des objectifs dans le but de répondre à des besoins estimés. Ensuite, nous avons vu qu’agir peut être estimé pour des raisons externes ou pour des raisons internes. La procrastination arrive donc lorsque les besoins ne sont pas identifiés ou estimés, lorsqu’il y a une peur de l’échec, lorsqu’il n’y a pas de talent génétique, aucune volonté d’agir et aucune pratique. L’action donne l’air de demander beaucoup de travail, pas vrai ? Effectivement, mais les récompenses sont très grandes aussi. Pas seulement en termes de succès concrets (qui sont supers), mais aussi dans la récompense d’avoir simplement fait de son mieux ou faire ce que l’on estime et choisit librement.

Références

Deci, E. L., & Ryan, R. M. (2000). The ‘what’ and ‘why’ of goal pursuits: Human needs and the self-determination of behavior. Psychological Inquiry, 11, 227-268.

Maslow, A. H. (1943). A Theory of Human Motivation. Psychological Review, 50, pp. 370.

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