Quand la plupart des gens pensent au perfectionnisme, ils pensent au fait de s’efforcer coûte que coûte pour atteindre un résultat souhaité. En fait, des psychologues ont démontré que le perfectionnisme a plusieurs facettes, dont certaines sont adaptatives (et même désirables), tandis que d’autres sont en fait plus problématiques (parce qu’elles peuvent devenir un obstacle à l’objectif ou peut mener certaines personnes à être frustrées par l’échec). Beaucoup de recherches ont confirmé les facettes positives et négatives du perfectionnisme.
Les aspects positifs du perfectionnisme
Les aspects positifs du perfectionnisme comprennent des choses comme des standards élevés de réussite (pour soi ou pour les autres), des habiletés organisationnelles et une netteté. Presque par définition, les personnes qui ont du succès ont besoin de croire qu’ils peuvent atteindre leurs objectifs et avoir des standards élevés et des habitudes de travail nécessaires à l’atteinte de leurs objectifs. Avoir un groupe de support positif et les habiletés nécessaires pour atteindre ledit standard peut être utile pour atteindre des standards élevés et s’attendre que ceux-ci puissent perdurer. Les habiletés organisationnelles peuvent être utiles pour atteindre des objectifs aussi puisqu’elles aident les gens à identifier et tester des stratégies de réussite qui peuvent favoriser des résultats optimaux. Pensez à un athlète olympique qui dans l’attente de réussir, investit son temps et fait des sacrifices nécessaires pour l’entraînement et a le soutien d’entraineurs, commanditaires, amis et famille pour trouver la formule gagnante. Les aspects positifs du perfectionnisme, lorsque bien dirigés, sont effectivement des choses merveilleuses.
Les aspects négatifs du perfectionnisme : le perfectionnisme clinique
Les aspects négatifs du perfectionnisme sont peut-être moins évidents. Ils sont le « côté sombre » du perfectionnisme et le résultat (et peut-être même la cause) de l’échec face à l’objectif voulu : douter de sa propre performance, des inquiétudes par rapport à ses erreurs, de l’autocritique (ou de la critique venant des proches) pour ne pas avoir atteint un certain standard ou la personne elle-même (ou ses proches) ayant et maintenant des standards irréalistes. Ces aspects du perfectionnisme sont « sombres » parce qu’ils réduisent généralement les chances de réussite future et parce qu’ils causent une détresse émotionnelle et un inconfort considérables pour la personne concernée, ainsi qu’au sein de son groupe de support. Il n’est donc pas surprenant qu’il se trouve aussi des quantités considérables de recherche scientifique qui démontrent que les côtés négatifs du perfectionnisme (appelés perfectionnisme clinique) sont un facteur de risque pour développer des problèmes psychologiques.
La dépression et les sautes d’humeur
Le perfectionnisme clinique peut contribuer à, et maintenir, la dépression et les sautes d’humeur. Le perfectionnisme clinique est plus important chez les personnes souffrant de dépression comparé aux non-dépressifs et les niveaux de perfectionnisme sont liés à la sévérité des symptômes de dépression. Chez les non-dépressifs, il a été démontré que le perfectionnisme clinique laisse présager le développement et la détérioration des symptômes dépressifs sur une période de 4 mois. De plus, un perfectionnisme clinique plus élevé sous-entend une moins bonne réponse aux traitements à long terme, ce qui suggère que le perfectionnisme clinique contribue à maintenir la dépression. Il y a aussi des preuves que le perfectionnisme clinique est un facteur de vulnérabilité pour des sautes d’humeur chez les personnes bipolaires et chez les personnes ayant un comportement autodestructeur. Plusieurs recherches ont démontré que le perfectionnisme clinique a une forte association avec des comportements d’automutilation, des idées suicidaires et des comportements suicidaires.
L’anxiété
Le perfectionnisme clinique est fortement associé à l’anxiété. Par exemple, le perfectionnisme clinique (particulièrement les doutes de soi-même par rapport aux inquiétudes et aux erreurs) a été lié aux obsessions et compulsions du trouble obsessif compulsif (TOC). Il y a des éléments de preuve que les personnes atteintes du TOC (par opposition à ceux qui ne sont pas atteints du TOC) sont atteintes d’un perfectionnisme clinique significativement plus élevé. Il a été démontré que le perfectionnisme clinique interfère avec les traitements sur les TOC, ce qui implique qu’il maintient les symptômes du TOC. Plusieurs études ont démontré que les personnes souffrant d’attaques de panique (par rapport à ceux qui n’en ont pas) ont un perfectionnisme clinique plus élevé. Pour la phobie sociale (aussi appelée trouble d’anxiété sociale) la théorie cognitive-comportementale prépondérante est que le perfectionnisme clinique contribue à causer aux individus socialement anxieux à s’attendre à des interactions sociales négatives. Cette idée provient d’une trouvaille faite à partir d’échantillons cliniques : les individus socialement anxieux (comparés à ceux qui ne sont pas socialement anxieux) ont des niveaux significativement plus élevés de perfectionnisme clinique. Une étude des traitements de la phobie sociale a démontré que la thérapie cognitive-comportementale améliore significativement le perfectionnisme négatif et que ceux qui ne répondaient pas à la thérapie avaient des niveaux beaucoup plus élevés de perfectionnisme au début du traitement. Cela suggère que le perfectionnisme doit être ciblé directement dans la phobie sociale, puisque des niveaux plus élevés de perfectionnisme ont été associés avec le fait de ne pas bien réagir à la TCC pour l’anxiété sociale.
Les troubles alimentaires
Un certain nombre d’études démontrent que le perfectionnisme clinique augmente et maintient les symptômes de troubles alimentaires. Les personnes atteintes d’anorexie mentale (AM) et de boulimie ont un perfectionnisme significativement plus élevé que les individus en santé. Le perfectionnisme clinique au cours de l’enfance est associé avec le développement successif d’un trouble alimentaire et les personnes s’étant remises d’un tel trouble continuent de faire preuve d’un perfectionnisme élevé par rapport aux autres résultats des tests.
Pourquoi le perfectionnisme clinique est-il un problème ?
Le perfectionnisme clinique réduit les bénéfices positifs des thérapies cognitives-comportementales pour divers troubles. Les études suggèrent que le perfectionnisme clinique peut interférer avec l’habileté du patient à composer avec le stress après le traitement et cela peut affecter négativement l’alliance thérapeutique ou réduire la qualité des réseaux sociaux qui aident les patients à se remettre de leur problème.
Les interventions de traitement utiles au perfectionnisme clinique
Le perfectionnisme clinique peut être évalué en demandant le degré auquel les gens évaluent leur estime de soi par rapport à fournir des efforts et la réussite. Si la personne juge son estime de soi principalement par rapport à l’efficacité avec laquelle elle atteint ses propres standards, il est important d’évaluer plus profondément les facteurs encourageant le perfectionnisme clinique. Cela implique de se renseigner sur les sphères pour lesquelles la personne a des standards élevés dans sa vie et d’évaluer l’impact que les efforts fournis pour atteindre ce standard ont sur sa vie. La prochaine étape est d’observer leur réaction à l’échec pour atteindre un but, s’ils sont satisfaits après avoir atteint un objectif et s’ils se redonnent des standards encore plus élevés après avoir atteint un objectif ou s’ils évitent d’essayer d’atteindre un but par peur d’échouer (ex. : par la procrastination). Des possibles biais de pensées peuvent être évalués en identifiant des règles exagérées pour la réussite et comment la personne réagit au fait de ne pas respecter l’une de ses règles. Des exemples pour déterminer s’ils réduisent leurs succès et remarquent leurs échecs peuvent être observés. Pour évaluer l’auto-critique, un exemple récent des pensées d’une personne lorsqu’elle commet une erreur peut être exploré. Les comportements contre-productifs sont évalués en demandant à la personne ce qu’elle évite ou retarde par rapport à la performance, comment elle compare sa performance à celle des autres et si elle recherche une certaine approbation des autres par rapport à leur performance. Cette information est utilisée pour guider le développement d’une solution individualisée pour réduire les biais de pensée et est basée sur les exemples propres au patient.
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